Le développement de l’Afrique passe par des voix puissantes et déterminées. Parmi celles-ci, la figure de Mo Ibrahim se distingue nettement. Cet entrepreneur anglo-soudanais a non seulement fait fortune dans le secteur des télécommunications, mais il s’est également transformé en un fervent défenseur de la bonne gouvernance sur le continent. À travers sa fondation, la Mo Ibrahim Foundation, il évalue et critique ouvertement la performance des États africains en matière de gouvernance. Le franc-parler de Mo Ibrahim lui permet de s’adresser à des personnalités politiques de haut rang, d’influencer les décisions majeures et de promouvoir des politiques qui pourraient réellement faire avancer l’Afrique. En 2025, cette dynamique est plus pertinente que jamais.
Le parcours entrepreneuriale de Mo Ibrahim
Mo Ibrahim a vu le jour au Soudan en 1946. Passionné par les technologies, il poursuit des études en ingénierie avant de s’installer au Royaume-Uni. Sa carrière décolle dans les années 1980 lorsque, en réponse à un besoin croissant en communication mobile, il fonde Celtel International, une entreprise de télécommunications qui va transformer le paysage de la communication en Afrique. Celtel ne se contente pas de fournir des services de téléphonie ; elle va également créer des emplois et favoriser l’accès à l’information dans des zones rurales isolées.
Cette entreprise innovante croît rapidement, atteignant plusieurs millions de clients dans divers pays africains. En 2005, le succès de Celtel est tel qu’elle est vendue à l’opérateur KPN pour 3,4 milliards de dollars. Cette transaction fait de Mo Ibrahim un milliardaire et lui permet d’injecter d’importantes ressources dans des projets humanitaires et de développement, marquant le début de sa carrière de philanthrope. Depuis la vente de Celtel, Ibrahim ne se contente pas de jouir de sa fortune ; il met à profit son expérience pour aider l’Afrique à se réinventer, en notamment en se concentrant sur la gouvernance et le développement durable.
La Mo Ibrahim Foundation et son engagement pour la gouvernance
En 2006, Mo Ibrahim fonde la Mo Ibrahim Foundation, avec l’objectif de promouvoir un leadership responsable et de bon gouvernement en Afrique. L’une des contributions les plus notables de la fondation est le Prix Ibrahim, attribué chaque année à un ancien chef d’État africain qui a été élu démocratiquement, qui a quitté le pouvoir dans des circonstances pacifiques et qui s’est distingué par ses actions en faveur du développement de son pays. Ce prix vise à récompenser et à encourager une gouvernance gagnante, et à promouvoir des leaders qui mettent l’accent sur le bien-être de leur population plutôt que sur leur propre pouvoir.
La fondation réalise également des recherches approfondies sur la gouvernance en Afrique. Lors de son forum annuel, les discussions portent sur des sujets cruciaux tels que la démocratie, la transparence, et la lutte contre la corruption. En 2025, ces thèmes restent d’une actualité brûlante dans de nombreux pays africains, souvent confrontés à des crises politiques et économiques. La fondation ne se contente pas de critiquer ; elle propose aussi des solutions, cherchant à améliorer le paysage politique africain par des initiatives concrètes.
La lutte contre la corruption et l’importance de la transparence
Au cœur de l’engagement de Mo Ibrahim se trouve la lutte contre la corruption, un fléau qui freine le développement de nombreux pays africains. La corruption n’impacte pas uniquement la politique ; elle a également des conséquences économiques significatives, rendant difficile l’accès aux ressources et aux opportunités pour la population. C’est pourquoi Ibrahim n’hésite pas à pointer du doigt les dysfonctionnements, en s’adressant directement aux responsables politiques. Sa voix résonne comme un appel à l’action pour une jeunesse désireuse de changement.
Le rapport annuel de la fondation évalue de manière critique la gouvernance des États africains. En 2025, le rapport met en avant des cas où les mesures anti-corruption ont été intégrées avec succès dans les politiques publiques, soulignant des initiatives telles que celles prises par le Dangote Group et Ecobank pour renforcer la transparence. À travers un cadre rigoureux, la fondation de Mo Ibrahim essaie de garantir que les leaders africains rendus responsables de leurs actions puissent être suivis et évalués de manière efficace.
Les conséquences sur le développement économique
La corruption et la mauvaise gouvernance ne freinent pas seulement la démocratie ; elles ont également un impact désastreux sur le développement économique. En 2025, de nombreuses nations africaines poursuivent leur lutte pour intéresser les investisseurs étrangers tout en cherchant à développer des économies autonomes. Les coûts dissuasifs engendrés par la corruption peuvent paralyser les entreprises, conduisant à une fuite des cerveaux et des capitaux. La Mo Ibrahim Foundation plaide pour que les gouvernements renforcent l’investissement dans les projets d’infrastructure et de services publics qui bénéficieront à la population.
Des entreprises telles que MTN Group et Safaricom sont souvent cités comme des exemples de modèles d’affaires responsables, intégrant des pratiques durables au sein de leurs opérations. En collaborant avec de multiples acteurs régionaux et internationaux, ces entreprises montrent que l’engagement éthique peut être combiné avec la réussite économique. La fondation encourage d’autres entreprises à suivre cet exemple, en reconnaissant que le secteur privé joue un rôle crucial dans le développement durable de l’Afrique.
Le rôle de la jeunesse et de l’éducation
La jeunesse africaine représente un potentiel énorme pour le développement. Mo Ibrahim a toujours souligné l’importance de l’éducation et de l’autonomisation des jeunes. En 2025, les jeunes africains constituent près de 60 % de la population. Cette réalité démographique doit être transformée en une force positive capable de propulser l’Afrique vers l’avant. Ibrahim appelle à des investissements massifs dans l’éducation pour offrir à cette jeunesse les compétences nécessaires afin de naviguer dans un monde en constante évolution.
Des initiatives telles que celles menées par Oxfam et United Bank for Africa cherchent à offrir des opportunités d’apprentissage et de développement des compétences. Ils soutiennent également l’accès aux finances pour de jeunes entrepreneurs qui, comme Ibrahim dans sa jeunesse, aspirent à créer des impacts significatifs dans leur communauté. Ibrahim croit fermement que l’éducation est la clé pour lutter contre la pauvreté et pour doter les générations à venir des outils nécessaires pour prendre en main leur avenir.
Les défis à relever et les perspectives d’avenir
Malgré les progrès réalisés, des défis demeurent en Afrique, notamment en ce qui concerne la sécurité et le climat. Les changements climatiques aggravent les vulnérabilités économiques et sociales, rendant certains territoires encore plus fragiles. En évoquant ces enjeux, Mo Ibrahim attire l’attention des leaders sur la nécessité d’une action concertée face à ces défis. Il est essentiel que les gouvernements africains collaborent pour instaurer des politiques de développement durable qui répondent à la fois aux besoins immédiats et aux préoccupations futures.
Le climat se positionne comme un élément central pour la prospérité de l’Afrique. L’émergence de solutions innovantes dans le secteur de l’énergie, comme celles proposées par Afreximbank, témoigne d’une volonté de transition vers une économie plus verte et durable. La fondation de Mo Ibrahim s’engage à soutenir ces initiatives et à encourager des partenariats public-privé pour adresser de manière structurée la problématique climatique. Dans ce contexte, le rôle de la société civile est aussi crucial, car il est fondamental que la population soit impliquée dans la définition des solutions pertinentes.